Après "Le coeur cousu", Carole Martinez confirme ses talents de conteuse et reste fidèle à son sujet de prédilection, la femme.
C'est par le biais d'un phénomène relativement courant au Moyen-Age, à savoir le reclusoir, qu'elle dresse le portrait d'une femme rebelle, non seulement à l'ordre établi qui veut qu'on accepte le mari qui vous a été choisi, mais contre l'Eglise elle-même et son mysticisme plus proche de la superstition que de la sainteté. Ce n'est pas Dieu qui aidera cette toute jeune fille emmurée de son plein gré, a supporter les privations, mais son amour pour le petit être qu'elle porte et met au monde en secret.
Tout est paradoxe dans ce roman. C'est grâce à la réclusion qu'Esclarmonde va connaître le monde, vivre la croisade de son père et de ses frères, communiquer avec les autres recluses de la région, découvrir la sensualité dans l'épanouissement de son amie et les chants d'un troubadour, et éprouver l'ivresse du pouvoir que sa situation lui confère.
"Je ne pensais pas avoir accompli de vrais miracles, mais je ne pouvais nier la démission de la mort. Car les gens du pays ne mourraient toujours pas. Nul n'expirait sur les terres des Murmures et, à l'exception de quelques étrangers, on n'y avait plus enterré personne depuis ma réclusion. Et voilà ce que je ne m'expliquais. pas.
Mon fils m'empêchait de trop me griser de cette étrange emprise que j'avais sur les gens. J'aurais pu leur demander n'importe quoi en échange de la rémission de leurs péchés et ce pouvoir, dont je me gardais d'user, était dangereusement exaltant. J'avais charge d'âmes. Lothaire ne pouvait comprendre la force que m'avait offerte ma position, il tentait en chantant d'effriter les pierres."
Ce qui, selon les déclarations de Carole Martinez elle-même, ne devait être qu'un chapitre d'un autre livre, a abouti à un roman documenté certes, mais qu'on ne peut traiter d'historique. Il se contente de nous murmurer, à nous lecteurs du XXIe siècle, les secrets qui se cachent parfois derrière une épitaphe gravée dans la pierre dans vieux château.
Alors là, tu me tentes... J'avais beaucoup aimé le Coeur cousu - beaucoup de force et d'originalité! Je le mets sur ma liste! Merci!
RépondreSupprimerUne fée des mots cette Carole. Le Coeur cousu est un de mes livres préférés.
RépondreSupprimer