Milena Agus, romancière italienne, née en 1959, et vivant à Cagliari, nous entraîne en Sardaigne, dans un coin perdu et sauvage, où vivent deux familles, celle d'une jeune fille de 14 ans, celle de ses voisins mais surtout une certaine "Madame" qui refuse de vendre sa terre à des promoteurs immobiliers.
La petite tient une sorte de journal où l'on découvre la fascination qu'elle porte à cette quinquagénaire fantasque, toujours à la recherche de l'amour mais qui en a peur, le jour où elle le trouve enfin.
"Madame, qui désormais est Agnese, dit que son bonheur avec Giovanni est si grand qu'il est à peine soutenable et qu'être heureux n'est pas facile comme le pensent les pauvres gens qui se débattent dans mille difficultés. Comme le pensait avant elle-même. Elle dit que la seule façon pour que ce bonheur ne finisse pas est de finir avant lui. Mourir pour ne pas mourir."
C'est un petit roman, léger, agréable à lire, où le portrait des protagonistes, tous plus attachants les uns que les autres, est habilement tiré par petites touches, et où l'imaginaire de la jeune fille ne fait que renforcer la magie des chiffres pratiquée par "Madame", car "sans magie, la vie a un goût d'épouvante".