mercredi 27 juin 2012

Mary Ann Shaffer & Annie Barrows : LE CERCLE LITTERAIRE DES AMATEURS D'EPLUCHURES DE PATATES, Ed. Nil, 2009


Un livre déjà amplement commenté sur la blogosphère et qui a donc retenu mon attention, lorsque je l'ai rencontré dans la pile de livres d'une amie, qui a bien voulu me le prêter.

Si au début, je me suis laissée prendre à la correspondance de cette jeune auteure à la recherche du sujet de son prochain livre, je dois dire que sur la fin, je me suis un peu lassée, même si je reconnais une grande capacité de construction dramatique aux deux auteures. C'est en effet au travers des divers lettres échangées avec ses correspondants que l'on découvre une petite communauté de gens ordinaires de l'île de Guernesey pendant et après l'occupation allemande. 

Mais le côté du "tout le monde il est gentil", malgré les horreurs de la guerre et de la déportation, donne un aspect finalement un peu mièvre à l'ensemble. 

"Je ne doute pas que vous adorerez ces lettres, vous aussi; je me demande juste si elle vous donneront envie d'en lire davantage. Quant à moi, je trouve ces personnes et leur expérience de l'Occupation fascinantes et émouvantes. Partagez-vous mon avis ? Pensez-vous que cela pourrait faire un livre ? Ne me ménagez pas, je veux votre opinion claire et franche."

C'est un livre agréable, à lire sur la plage.... Sans plus.

samedi 16 juin 2012

Crise du Livre en Grèce

Une fois n'est pas coutume. Je vous invite à lire l'excellent article, paru dans le Monde des Livres d'hier,  signé de Florence Noiville, envoyée spéciale à la Foire du Livre de Thessalonique. Vous le trouverez en cliquant ici

"Au tout début, j'avais l'illusion que la crise pourrait être bénéfique pour freiner le consumérisme imbécile, cette tyrannie du "life style".... toutes ces fausses blondes stridulant à la télévision. On pourrait revenir à l'essentiel, retrouver le goût de l'amitié, des choses simples. Mais ce n'est pas vrai, ce n'est jamais vrai. La crise est une dévastation à large échelle, elle vide les âmes comme les portefeuilles, les gens sont plus confus et agressifs. Personne n'écoute personne".

                                                                            Ersi Sotiropoulos


Née en 1953 à Patras, Ersi Sotiropoulos vit actuellement à Athènes. Elle écrit des romans, des nouvelles, de la poésie et son roman "Zigzags dans les orangers", lui a valu, en 2000, le prix d'Etat et le prix de la revue Diavazo.  Sa traduction a été publiée en 2003 chez Maurice Nadeau.

"Dompter la bête" est un livre que je n'ai pas encore lu, mais que je compte bien acquérir au plus vite. Je vous en reparlerai donc plus tard.

vendredi 15 juin 2012

Jean Teulé : LE MONTESPAN, Julliard, 2008


Qui, mieux que Jean Teulé et sa gouaille, pouvait nous raconter l'histoire de cet homme qui a fait de sa vie de cocu, une oeuvre d'art ?

Quoi de plus gênant pour un amant, fut-il roi, de voir le mari de sa maîtresse, revendiquer son statut de cocu ?

Quoi de plus têtu et aveugle, qu'un homme fou amoureux, toujours prêt à trouver une excuse à l'inconduite de sa femme ?

Je ne dévoilerai pas ici, tous les stratagèmes que ce petit marquis tenta pour récupérer sa femme, mais je dois dire qu'il ne manquait pas d'imagination !

Jean Teulé, nous conte non seulement l'histoire de ce mari,   mais aussi celle des moeurs de la cour du roi Louis XIV, d'une campagne militaire peu connue - menée  en Algérie, de  la vie du petit peuple.


Ayant décidé d'attraper la syphilis ou la vérole, ("j'irai ensuite violer ma femme pour qu'elle gâte le roi à son tour"), Montespan se rend dans un bordel : 

"Ce claque a mauvaise réputation. Ses vins proviennent de vignes fumées avec les boues et vidanges urbaines. Louis-Henri y engloutit des nectars pleins de colle de poisson, de fientes de pigeon et les filles n'y sont pas propres. C'est ce qui plaît au marquis.
Les catins- bêtes-poupées, chiffons occupés - sont envahies de maladies vénériennes où Montespan se vautre. Il lèche leurs boutons, pustules, leurs plaies suppurantes, partout où ça suinte en des endroits intimes et réclame :
- Je veux des crêtes-de-coq, une bonne bléno et le mal français ! Des contagions, donnez-m'en des mutilantes magnifiques car j'en connais un que je voudrais voir fadé, céphalé, délabré de partout. Personne n'a la peste, ici ? ... ni la rage ?!
Le Gascon reste là, des nuits et des jours. d'une pleine lune à la suivante, il ne quitte plus l'établissement. "

Le style est paillard, le vocabulaire choisi et les expressions d'époque ne manquent pas. 

On passe un très bon moment à la lecture de ce roman, beaucoup plus travaillé, il me semble, que celui qu'il avait fait à propos de Charles IX.

samedi 9 juin 2012

Pierre Botton : MOI, ANCIEN DETENU, BATISSEUR DE PRISONS NOUVELLES, Pygmalion, 2012


Pierre Botton, c'est cet homme d'affaires, qui, en 1992, a été condamné à la prison pour trafic d'influence et abus de biens sociaux.

Après 602 jours de prisons, il en ressort abattu, (une tentative de suicide dont il est sauvé par un gardien) et n'a de cesse de réformer le système de privation des libertés. 

En 2009, il soumet un projet au Garde des Seaux de l'époque, Michèle Alliot-Marie, qui, à son grand étonnement, le soutien et le charge d'une mission pour lutter contre le choc carcéral et  la récidive.

Quelques grands principes l'animent : 

  • la privation de liberté est LA peine en soi. Nul besoin d'y ajouter des souffrances.
  • les détenus doivent être avertis de ce qui les attend lors de la première incarcération
  • les détenus ont des droits et ils doivent être respectés
  • la réinsertion doit se préparer, dès l'incarcération, notamment en permettant aux détenus de travailler et d'être salariés.

C'est ainsi qu'il en arrive a proposer la création d'une prison nouvelle, destinée aux personnes ayant été condamnées à  une peine de moins de deux ans  (donc sans crimes sexuels ou de sang). 

Le livre sort au moment où le projet d'implantation dans un village du Jura fait débat dans la population de ce dernier, qui s'est prononcée contre à 54 %. 

Le livre se veut un coup de gueule, coup de gueule d'abord et surtout contre l'administration pénitentiaire qui ne voit pas d'un bon oeil, qui plus est par un ancien détenu, ses méthodes et ses conceptions remises en cause.

C'est le récit fastidieux et ennuyeux des 20 dates importantes entre le 3 septembre 2009 et le 9 décembre 2011,  sous forme de comptes-rendus de réunions, de visites, de conférences de presse.

J'avais demandé aux "Agents littéraires" de m'envoyer ce livre, suite à l'émission "On n'est pas couché" du 28 avril dernier, émission pendant laquelle, le projet de Pierre Botton m'avait intéressée. Quelle déception.
Heureusement, Pierre Botton est meilleur à l'oral qu'à l'écrit. Je vous laisse en juger en vous donnant le lien sur cette émission : 

mardi 5 juin 2012

Douglas Kennedy : AU-DELA DES PYRAMIDES, Belfond, 2010


On pourrait presque être content que durant l'hiver 1986, Douglas Kennedy ait connu un échec en tant que dramaturge et une rupture de contrat en tant que chroniqueur à l'Irish Times. C'est ce qui lui a permis de prendre le temps de compulser ses carnets de notes prises lors d'un périple en Egypte effectué en septembre l'année précédente.

On connaît Douglas Kennedy comme romancier, mais il a débuté sa carrière d'écrivain, par des récits que Belfond a la bonne idée de rééditer. J'ai  déjà lu "Au pays de Dieu" et je viens d'apprendre la sortie de "Combien ?". 

Mais revenons à l'ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui. D'abord le titre, magnifiquement trouvé, tant il est vrai que l'Egypte qui a intéressé l'auteur, à peine âgé de 30 ans, n'a rien à voir avec celle que l'on visite en touriste : de pyramides, de pharaons et de temples, il n'y en a pas. En revanche, que de belles rencontres ! D'Alexandrie à Assouan, en passant par des oasis improbables, des villes de moyennes importance, Douglas Kennedy a suivi un itinéraire aléatoire, guidé par son intérêt pour les questions religieuses, sociales, et politiques.

Il dresse le portrait d'un pays en mouvement, tiraillé par ses injustices sociales, la montée des islamistes et l'écartèlement entre Orient et Occident. 

"Sa (à l'Egypte) version du modèle soviétique lui avait légué une bureaucratie éléphantesque et une économie semi-planifiée qui interdisaient tout développement productif; son interprétation du modèle américain n'avait servi qu'à créer l'ébauche maladroite d'une société de consommation qui accentuait dramatiquement le fossé entre riches et pauvres et, plus encore, favorisait la résurgence de groupes fondamentalistes opposés à tout ce qui venait de l'Occident. "

C'est un récit passionnant, souvent drôle, parfois tragique, qu'il est particulièrement intéressant de lire, alors que les fragiles équilibres qui tenaient ce pays viennent de basculer et que l'Egypte va, pour la première fois peut-être, pouvoir décider de son destin.