vendredi 10 août 2018

Stella Vretou : LES SOULIERS VERNIS ROUGES, Ed. Les Escales, Pocket, 2017


On sait peu de choses de Stella Vretou, qui est avant tout une traductrice prolifique d'auteurs turcs. Il faut dire qu'elle est née à Constantinople - comme disent encore les Grecs - et son premier roman doit beaucoup à cette ville. 

Il s'agit d'une saga familiale qui nous emmène de l'exil de l'arrière grand-père et de son frère qui quitte à la fin du XIXe s. l'île de Zakinthos pour Odessa, en passant par Constantinople. 

Après avoir fait fortune à Odessa, l'arrière grand-père, décide de retourner à Constantinople pour trouver une femme et dès lors, le déroulement de l'histoire familiale se fait au gré des souvenirs que les femmes se transmettent les unes aux autres. 

De mariages en naissances, de négoces en retours de fortunes, de maisons en maisons, le roman dresse un tableau de la vie des Roums, ces Grecs vivant en Turquie. En toile de fonds, l'histoire mouvementée entre cette communauté et la population turque, marquée par les différents traités internationaux qui ont procédé à l'éclatement de l'empire ottoman. Bizarrement, Stella Vretou, fait pratiquement l'impasse sur le grand échange de population de 1922 qui n'affecte en rien la famille dont elle nous raconte l'histoire et met plutôt l'accent sur la nécessité de quitter La Ville au moment de l'affaire de Chypre dans les années 1960.

"Cela fait plusieurs jours maintenant que toute la famille se réunit le soir dans la pièce du milieu où se trouve le poste de radio et qu'ils essaient de capter Radio Athènes. On baisse le son et les parasites sont nombreux... (...) 
Son grand-père Apostolos et son père parlaient, hier soir, des marques que les Roums trouvent sur la porte de leur maison ou les façades de leurs commerces. Constantinople est remplie de vauriens venus des bas-fonds de l'Anatolie. Pourquoi les ont-ils tous parqués ici, pourquoi barbouillent-ils leurs maisons et leurs magasins de graffitis ? se demandaient-ils, terrifiés."

Si c'est un roman qui se lit facilement, je l'ai personnellement trouvé trop linéaire, trop chronologique, trop convenu. Par ailleurs, il reste bien trop centré sur les aléas des uns et des autres pour offrir un intérêt historique quelconque quant à la période, pourtant importante encore de nos jours, qu'il recouvre.