mardi 21 juin 2016

William Boyd : ORAGES ORDINAIRES, Ed. Seuil, 2010


Quoi de mieux, pour se remettre de la déception du livre précédent, que de plonger, une fois de plus, dans l'univers de William Boyd !

Tous les ingrédients d'un bon roman, de la trame à la construction, en passant par l'écriture, sont là pour créer le plaisir de la lecture. 

Cette fois-ci l'Anglais n'est pas "sous les tropiques", mais dans la clandestinité, en plein coeur de Londres, parmi les SDF et les laissés pour compte. Présent, par hasard, sur les lieux du meurtre du Dr. Wang, il est en effet urgent pour Adam Kindred, de disparaître et de fuir  la police qui le tient pour suspect No 1, mais surtout, le véritable meurtrier, sbire au service d'un magnat de l'industrie pharmaceutique. 

Boyd se fait un plaisir de nous entraîner dans les bas-fonds de Londres, parmi ceux qui se débrouillent comme ils peuvent pour manger et dormir. Le rythme des journées est donné par les marées du fleuve, qui se retire régulièrement de quelques mètres, découvrant les berges et permettant à Adam de pêcher ou d'attraper des mouettes.

"Adam escalada la grille et s'enfonça dans les buissons. Revenir sur ces lieux lui faisait un effet étrange : tant de changements étaient survenus depuis son premier jour ici, tant de choses lui étaient arrivées : comme s'il emmagasinait des années d'existence en des semaines denses de mensonge; comme s'il parcourait résolument aussi vite que possible le catalogue de toute une vie d'expériences, comme si le temps lui manquait. Il demeura ainsi, mains sur les hanches, à observer les choses lentement, avec soin."

Mais c'est avec non moins de jubilation qu'il nous emmène dans la haute société bourgeoise, prête à tout pour s'enrichir, y compris de mettre sur le marché un nouveau médicament qui s'est avéré dangereux lors des test préliminaires.

Je ne vous dévoile pas tout, mais vous serez étonnés de découvrir, comment avec une bonne dose d'intelligence, un peu de chance, un peu d'amour, alors que tout semble perdu, il est possible de retrouver le bonheur. Quoi que ... ?

mercredi 15 juin 2016

Mathias Enard : BOUSSOLE, Actes Sud, 2015


Page 251, j'abandonne ! Très très rare pour ma part de ne pas finir un livre, par respect pour l'auteur, pour son travail, mais là, c'est trop ! 

Je croyais lire un roman, je découvre une thèse en musicologie qui aurait été déchirée en mille morceaux et dont on aurait eu de la peine à recoller les morceaux.

Ce livre se veut érudit, il n'est que pédant ! 

Il y a un hiatus entre la situation dans laquelle Enard place son narrateur - une nuit d'insomnie après avoir appris qu'il est condamné par une maladie incurable - et la capacité de celui-ci à se rappeler ses connaissances en musique et pas seulement le nom des compositeurs et de leurs oeuvres, mais celui de leur femme, de leurs amis, les anecdotes, leurs relations... bref tout un savoir qui nécessite de longues heures en bibliothèque. 

"Parfois je me demande si je n'ai pas moi-même des hallucinations. Voilà que j'évoque les Adieux de Beethoven et que Die Öl Klassiknacht annonce la sonate opus 111 du même Beethoven. Peut-être est-ce qu'ils programment la musique à rebours, Schumann tardif, puis Mendelssohn, Beethoven; il manque Schubert - si je reste assez longtemps à l'écoute je suis sûr qu'ils joueront une symphonie de Schubert, musique de chambre d'abord, piano ensuite, il ne manque que l'orchestre. "

Indigeste !

Si la boussole du narrateur est tournée vers Sarah, pour qui il éprouve un amour jamais avoué, l'histoire de leurs rencontres, de leurs voyages en Turquie, Syrie, Iran, loin de nous apprendre quoi que ce soit, ne fait qu'aligner les rencontres d'orientalistes patentés, plus déjantés les uns que les autres, sans que cette fascination de l'"Orient" imaginé ne soit vraiment étudiée.

J'avais déjà trouvé désincarné son roman "Parle-le leur de batailles, de rois et d'éléphants", là, je ne sais comment qualifier cet ouvrage et je comprends encore moins l'attribution du Goncourt, si ce n'est pas un parisianisme effréné.