dimanche 29 décembre 2013

Stephen King : SALEM, Ed. Williams, 1977



Une bourgade  perdue dans le Maine du nom de Jerusalem's Lot , un écrivain qui y revient après des années, des disparitions étranges, une communauté qui se liquéfie (c'est le cas de le dire), voilà le cadre du deuxième roman publié de Stephen King.


Même si j'ai été déçue de constater, au fur et à mesure de ma lecture, qu'il s'agissait bien d'une histoire de vampires et non pas d'un roman sur la dégradation d'une petite ville dont les habitants se mettent à douter et perdent leur assurance, je dois reconnaître que j'ai été prise par le récit, les personnages et la capacité de l'auteur de nous tenir en haleine. 

"La porte se ferma doucement et Mark entendit le bruit sourd des pantoufles de son père sur les marches de l'escalier. Il pouvait enfin se détendre complètement. (...) Il s'assoupit en douceur, mais, avant de sombrer complètement, il se surprit à réfléchir, comme il le faisait souvent d'ailleurs, à l'étrangeté des adultes. Il faillait qu'ils prennent des laxatifs, de l'alcool, des somnifères, pour échapper à leurs angoisses et trouver le sommeil; et pourtant, comme leurs craintes étaient ordinaires et faciles à maîtriser ! travail, argent; qu'est-ce que la maîtresse va penser si je ne peux pas acheter des vêtements neufs à Jennie ? est-ce que ma femme m'aime encore ? où sont mes vrais amis ? Comme elles paraissaient ternes à côté des terreurs que chaque enfant retrouve le soir, dans l'obscurité de sa chambre, sans espoir d'être compris de personne excepté d'un autre enfant ! Il n'y a pas de thérapie de groupe, pas de cure psychanalytique, pas d'assistance sociale prévues pour le gosse qui doit, nuit après nuit, affronter seul la menace obscure de toutes ces choses qu'on ne voit pas mais qui sont là, prêtes à bondir, sous le lit, dans la cave, partout où l'oeil ne peut percer le noir. L'unique voie de salut, c'est la sclérose de l'imagination, autrement dit le passage à l'état adulte."

Je crois l'avoir déjà dit dans ce blog, je ne suis pas une fanatique des histoires d'horreurs, mais Stephen King sait manier le suspens, sans oublier d'enrichir l'intrigue par des portraits, des réflexions et une compréhension des phénomènes de société qui font que ses romans dépassent largement le genre.

jeudi 19 décembre 2013

Maya Angelou : JE SAIS POURQUOI CHANTE L'OISEAU EN CAGE, Les Allusifs, 2008


Entre la petite fille de 3 ans voyageant en direction de l'Arkansas, accompagnée uniquement de son frère à peine plus âgé d'une année et la jeune fille de 17 ans qui accouche à San Francisco, il y a la ségrégation raciale, un hommage à trois femmes, un amitié sans faille pour son frère et la découverte et la prise de conscience de soi.

Malmenée par la vie, Maya réussit tout de même à se construire grâce d'abord à sa grand mère, personnage impressionnant que cette épicière Noire tenant le haut du pavé dans la petite ville de Stamps. 

"Dans l'autobus, elle pris un siège à l'arrière et je m'assis à côté d'elle. J'étais très fière d'être sa petite fille et certaine qu'un peu de son pouvoir magique avait déteint sur moi Elle me demanda si j'avais peur. Je me contentai de secouer la tête et m'appuyai sur son bras brun et frais. Aucun danger qu'un dentiste, surtout un dentiste noir, osât me faire mal, désormais. Pas avec Momma présente. Le voyage se déroula sans incident sauf que Momma passa son bras autour de moi, ce qui était de sa part un geste tout à fait inhabituel".

Une certaine Mme Flowers l'encourage à lire le plus qu'elle peut, mais aussi à ne pas avoir peur de s'exprimer car "les mots signifient plus que ce qui est écrit. Il leur faut la voix humaine pour leur infuser des nuances profondes".

Et puis il y a sa mère, si belle, si sûre d'elle, si indépendante, qui, si elle n'a pu empêcher le viol de sa fille à l'âge de 8 ans, n'hésitera pas, des années plus tard, à l'encourager à devenir la première Noire, receveuse dans le tramway de San Francisco. "La vie te donnera exactement ce que tu y apporteras. Mets tout ton coeur dans tout ce que tu fais, prie et puis attends".


Maya Angelou fait oeuvre d'autobiographie dans ce livre, qu'elle ne s'est décidée à écrire qu'à la quarantaine, après avoir milité tant par ses écrits, ses films et que dans ses reportages contre la ségrégation, mais aussi pour la liberté de chaque être humain.

Si le fonds ne pouvait que m'intéresser, je dois avouer que la forme m'a un peu lassée et que je ne l'ai lu que par petits bouts. Je ne me suis jamais sentie entraînée à passer à la page suivante, à la suite de l'histoire.  Je dirais que le propos a pris tout son sens et toute sa dimension qu'une fois arrivée à la fin du livre. Je ne sais si je lirai la suite "Tant que je serai Noire" ou si, je ne chercherai pas à mieux connaître cet auteur par ses autres oeuvres, notamment poétiques.