lundi 24 mars 2014

Rachel Joyce : DEUX SECONDES DE TROP, XO éditions, 2014


Livre qui m'aurait échapé si je ne l'avais reçu du service de presse des éditions XO et cela aurait été dommage.

L'intrigue se passe en 1972, au moment où un garçon de 11 ans apprend qu'il a été décidé d'ajouter deux secondes au temps de manière à faire coïncider l'heure officielle avec la rotation de la Terre. 

Et cette recherche de perfection est bien le fil conducteur de l'ensemble du roman. Perfection de l'élève, perfection du fils, perfection de l'ami, et ce qui m'a le plus intéressée, perfection de la mère dans le rôle d'épouse. Mais voilà que ces deux secondes de trop vont bouleverser l'équilibre, finalement bien fragile, de cette vie si bien réglée. Et dans une société aux règles trop rigides, les échecs ne peuvent qu'engendrer une culpabilité qui ne dit pas son nom, qui n'est pas comprise et qui ne se soigne pas. 

"Plus jamais Byron ne revit la tunique. Peut-être se retrouva-t-elle dans le feu, comme la robe et le cardigan vert menthe et les chaussures assorties. Il ne posa pas la question. Il rangea sa lampe torche, sa loupe, ses cartes de thé Brooke Bond, son encyclopédie pour enfants. Il avait désormais l'impression que ça appartenait à quelqu'un d'autre - et il n'était pas le seul qui semblait changé. Après ce week-end, sa mère fut plus réservée. Elle installa bien les chaises longues sur la terasse pour Berverly, mais elle sourit moins et elle ne brancha pas le tourne-disque. Elle n'offrit pas non plus à boire."

Si le roman se termine sur une note d'espoir, et si la force de l'amour et de l'amitié viennent appaiser un temps soit peu le mal de vivre que ces deux secondes ont engendrées, il ne s'agit en rien d'une fin mièvre et mielleuse, mais d'une belle revanche sur une - voire plusieurs - vies détruites pour rien.

C'est un livre attachant, qui aurait pu être un peu plus ramassé, mais qui sait se libérer de la linéarité du récit, sans toutefois tomber dans une construction artificielle. 

Rachel Joyce confirme avec ce deuxième roman, sa capacité à nous émouvoir et nous intéresser.