Ironie de l'histoire, je lis ce livre
au moment où, selon l'Union européenne, la Grèce sortirait de la
crise du fait qu'elle peut à nouveau se financer sur les marchés
financiers. Si ce type de discours passe auprès des médias français
et allemands, en Grèce personne n'a vraiment l'air d'y croire, tant
le pays est exsangue et encore soumis à
une tutelle de ses créanciers puisqu'aucune annulation de la dette,
même partielle, n'est prévue.
Or Markaris qui, dès 2016, situe la
suite des tribulations de son célèbre commissaire Charitos, dans
une Grèce sortie de la crise et où l'argent se remet à circuler
pour ne pas dire "ruisseler", ne s'y trompe pas. Alors que
les promesses d'augmentations de salaires poussent les gens à
réutiliser leur voiture laissées sans plaque faute de pouvoir payer
essence et taxes, à s'inviter à nouveau au restaurant, à
abandonner les pois chiches et autres haricots secs au profit des
fameuses tomates farcies, Charitos et se demande d'où vient
l'argent ?
A la faveur de trois meurtres
avec vol, dont bizarrement on trouve très
vite les responsables qui avouent tout aussi rapidement leurs
méfaits. Charitos fera preuve, une fois de plus, d'insoumission et
poursuivra inlassablement son enquête et son idée, celle de
chercher l'origine de l'argent.
La réponse n'arrive qu'en toute fin de
roman et le laisse sans voix ! ce qui ne fait que confirmer le scepticisme des Grecs d'aujourd'hui !