samedi 6 août 2011

Jean Teulé : CHARLY 9, Julliard, 2011


A la lecture du titre, on comprend aisément que Jean Teulé n'a pas voulu faire œuvre d'historien pour nous raconter le drame de ce roi-là. Il y a même de la sympathie de sa part, dans ce diminutif et ce numéro qui renonce aux chiffres romains. 

Si le nom de Charles IX nous est connu, c'est bien sûr, à cause du massacre de la St Barthélémy, mais un massacre dont Jean Teulé "l'absout", non pas en catholique fanatique, mais parce qu'il en fait reposer l'entière responsabilité sur Catherine de Médicis et son entourage et surtout, parce que ce roi calamiteux ne s'en est jamais remis et qu'il en est devenu fou. 


C'est cette descente aux enfers qui nous est contée, non sans humour, ma foi. Des hallucinations acoustiques - Charly entend continuellement les cris des suppliciés - aux visuelles -   du sang coule de tout ce qu'il touche - en passant par les parties de chasses aux lapins et même au cerf à l'intérieur même du palais du Louvre, rien ne lui est épargné. 

Édouard Debat-Ponsan, 1880

Se méfiant de tous, il ne trouvera de réconfort qu'auprès de sa nourrice et de sa maîtresse. Mais rongé par les remords et atteint d'une maladie, ou d'un empoisonnement par sa propre mère - qui lui fait transpirer le sang, il meurt une année après le massacre, en 1572, alors qu'il n'a que 23 ans.

Ce qui frappe - et c'est assez rare pour le souligner, c'est que Jean Teulé traite ce sujet, sans aucune allégeance, comme si ce Charles IX n'était qu'un quidam comme vous et moi. Il ne cherche ni à la défendre, ni à l'accabler, ni surtout à sauver une certaine idée de la fonction royale.  Finalement il nous raconte l'histoire d'un type qui joue de malchance et qui n'avait pas demandé à naître roi.

Le style est toujours truculent et la recherche des jurons de l'époque est à relever. Mais je n'ai pas retrouvé le souffle de "Je Villon" ou de "Mangez-le si vous le voulez". On se perd parfois dans le rappel de l'origine du muguet du premier mai ou du poisson d'avril et le rythme s'en trouve cassé. Mais de là à déconseiller ce roman... il y a un pas que je ne franchirai pas.

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