Bien sûr, en entamant ce livre, j'avais en mémoire les merveilleuses images du film Il postino de Michael Radford. On connaît tous l'histoire de l'amitié nouée entre Pablo Neruda et son postier "privé", de la recherche désespérée de ce dernier des fameuses métaphores propres à séduire la belle Beatriz et de l'aide que le poète lui apporte dans ce but. J'avais adoré le film, apprécié, comme toujours, Philippe Noiret dans un rôle qui lui allait comme un gant (oups une métaphore ou un lieu commun ?) et découvert Massimo Troisi, dont le jeu donnait corps avec délicatesse à ce personnage hors du commun.
Mais quel plaisir de lire le roman ! Quel plaisir de retrouver ces dialogues tout en finesse et quelle surprise de constater que la rencontre n'a pas lieu en Italie, mais bien au Chili, entre l'accession au pouvoir d'Allende et la chute de ce dernier après le coup d'état de 1973. Et de ce fait, la fin de l'histoire est beaucoup plus intéressante et permet à Antonio Skármenta de lier le destin de ses protagonistes à celui de son pays.
Bien sûr la phrase qui reste en mémoire est celle que profère le postier lorsque Neruda découvre qu'il a utilisé ses propres vers pour séduire Béatriz :
"La poésie n’appartient pas à celui qui l’écrit,
mais à celui qui s’en sert."
Mais je garderai aussi le passage qui explique le titre du roman :
« Voici exactement cent ans, un poète
pauvre et splendide, le plus atroce des désespérés,
écrivait cette prophétie : "À l’aurore,
armés d’une ardente patience, nous entrerons aux
splendides villes. " » « Je crois en cette prophétie de Rimbaud, le voyant.
Je viens d’une obscure province, d’un pays séparé
des autres par un coup de ciseaux de la géographie. J’ai
été le plus abandonné des poètes et
ma poésie a été régionale, faite de
douleur et de pluie. Mais j’ai toujours eu confiance en
l’homme. Je n’ai jamais perdu l’espérance.
Voilà pourquoi je suis ici avec ma poésie et mon
drapeau. En conclusion, je veux dire aux hommes de bonne volonté,
aux travailleurs, aux poètes, que l’avenir tout entier
a été exprimé dans cette phrase de Rimbaud
; ce ne sera qu’avec une ardente patience que nous conquerrons
la ville splendide qui donnera lumière, justice et dignité à tous les hommes. Et ainsi la poésie n’aura
pas chanté en vain. »
Antonio Skármeta a réussi là, un petit chef d'œuvre d'humanité d'amitié et... de poésie.
Celui-là, il a tout pour me plaire : Neruda, le Chili, la période Allende, cette superbe phrase sur la poésie "La poésie n’appartient pas à celui qui l’écrit, mais à celui qui s’en sert", et le magnifique extrait que tu as inséré dans ton billet...
RépondreSupprimerMerci, Amartia et très bonne journée !
Norma
C'est une ode à un très beau livre ! D'ailleurs ... je pourrai le relire, je l'avais un peu oublié !
RépondreSupprimerJ' ai adoré le film, tout y est beau et ample avec de bons sentiments sans mièvrerie, merci de m' ouvrir l' horizon du livre!
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