samedi 17 septembre 2011

Lyonel Trouillot : LES ENFANTS DES HEROS, Actes Sud, 2002


Terrible histoire que celle que raconte Lyonel Trouillot dans ce livre-ci.  Deux enfants des bidonvilles de Port au Prince s'enfuient de chez eux après avoir tué leur père. 

C'est le gamin qui parle. C'est avec sa vision à lui que l'on découvre, petit à petit, comment Mariéla, sa sœur de 16 ans, en arrive à frapper, frapper ce géant de boxeur (raté) qui ne leur sert pas de père.

Lumineuse histoire aussi, car c'est à travers les yeux du petit que l'on découvre la famille, les amis et surtout, surtout, l'amour indéfectible, mélange d'admiration et de besoin de protection,  qui le lie à sa sœur.


"Le rideau tiré, Mariéla se couchait la première, sur le dos, les bras repliés sous sa nuque. Elle regardait le plafond, ou au-delà, vers les étoiles. Et je la regardais. Dès qu'on rentrait dans la maison, elle devenait mon paysage. Puis je la rejoignais. Nous faisions le compte-rendu de la journée et répétions nos rêves. Nous les préparions toujours la veille, dans le noir. On ne peut pas faire confiance au sommeil. Des fois, le sommeil n'offre rien, avare comme une terre sèche. Il existe des nuits chiches qui n'attirent pas les rêves. Nous préparions les nôtres avant de nous laisser tromper par le sommeil."

Cette cavale durera trois jours avant qu'ils ne soient arrêtés et séparés. Trois jours de complicité, de souvenirs, de doutes, de questions : "Mais si c'est pas une chose qui s'est passée toute seule, si c'est sa mort que nous voulions, nous sommes peut-être des assassins ?"


Un livre fort et prenant, loin des images toutes faites que l'on peut avoir sur Haïti et sa misère. Un livre profond plein d'espoir tant la candeur du gosse porte en elle la force de la confiance qu'il a envers cette fille qui a su dire non. 

Je découvre cet auteur et je suis sûre d'y revenir.

1 commentaire:

  1. tout ’est la faute du père, Corazon, celui qui parle tout le temps, pour mentir ou faire mal aux autres.
    L’enfant ne cesse d’agiter dans sa tête les êtres et les actes, et il partage avec sa sœur bien des interrogations dans une scène qui rappelle mellocoton interprètée par Colette Magny; Les paroles que l’enfant prononce formeront sa voix..

    Il en sent spécificité : ce ne sera pas la "langue des bibliothèques", celle du passant dans le parc, ni la "langue de la déléguée de la ligue féministe", qui vient voir sa mère, ou celle de "la justice" qui parle de "vice de forme" ou de "récidive".
    Pour l’instant, il se débat entre la "langue du ventre" et celle des émotions, et l’écouter donne un grand plaisir au lecteur.Une belle écriture

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