Régis Messac ? Je n'en avais jamais entendu parler. La Science fiction ? Je suis inculte. Alors, c'est sur la pointe des pieds que je me suis finalement résolue à ouvrir ce livre au titre imprononçable qui m'avait été offert il y a au moins deux ou trois ans.
Grave erreur de ma part ! C'est une découverte ! Celle d'un auteur, qui, ayant connu la guerre de 14-18 et ses absurdités, imagine dès 1935, la prochaine guerre mondiale. Lorsque l'on sait ce qui s'y est passé, on peut se demander s'il a vraiment fait oeuvre de science fiction, ou s'il péchait plutôt d'une lucidité implacable.
Mais son pessimisme est encore plus grand et il imagine que cette future guerre est eschatologique. Gérard Dumaurier et un groupe de quelques gamins, dont une fille, semblent les seuls survivants à la catastrophe engendrée par une arme de guerre si puissante que toute civilisation a été engloutie.
C'est avec un regard désabusé et même pas curieux, que le narrateur regarde ce groupe de gamins "ignares, ahuris, vicieux, superstitieux, peureux" recréer une humanité brutale et imbécile.
Comment ne pas penser à "Sa majesté des mouches" de Golding ? Mais ici pas de bateau salvateur....
"Je n'ai plus du tout la conscience du temps. Serais-je déjà mort? Mais depuis quand ?
Il faudrait pourtant fixer la date. Car, il n'y a pas à dire, ma mort sera un événement, un événement historique. Je suis le pont, la passerelle qui relie deux mondes, le frêle et obscur trait d'union entre les deux humanités, le dernier des hommes fossiles, ou plutôt, tout simplement, le dernier des hommes. Car, ceux-la, les autres, Ilayne et son sérail, ce ne sont plus des hommes. Et leurs descendants seront tout autre chose. Si différents ! Moi disparu il n'y a plus d'homme. Je suis la fin. Le point final. Un point, à la ligne."
Ironie de l'Histoire, la date exacte de la mort de Régis Messac n'est pas connue, car la réalité dépassant parfois la fiction, il est mort en déportation en 1945.
En effet, le titre n'est pas accrocheur... Dis donc "eschatologique"! j'ai dû aller chercher la définition! Il faut savoir le grec pour pouvoir utiliser ce terme. :-)
RépondreSupprimerC'est un thème connu, mais la description que tu fais de cet ouvrage donne pourtant envie de le lire. En plus, ainsi inscrit dans l'histoire, il prend une autre dimension.
Merci - je le note!