On le sait bien, les chauffeurs de taxi du sud aiment bavarder avec leurs clients. Combien de journalistes en mal d'inspiration commencent leur article en relatant les propos tenus par le taxi entre l'aéroport et leur hôtel ?
Mais quand il s'agit d'un écrivain, les propos tenus (dans la réalité ou dans la fiction) prennent une autre dimension. En 56 dialogues, Khaled Al Khamissi dresse le portrait de l'Egypte des années 2005-2006, au moment où Moubarak allait se faire réélire pour la dernière fois, mais cela on ne l'a su que plus tard ! Ce qui frappe toujours en Egypte, et plus particulièrement au Caire, c'est l'humour de ses habitants et leur capacité à surmonter leurs difficultés en passant par ce biais.
"J'aimerais beaucoup prévenir le ministre de l'information qu'on est en fait cent fois plus intelligents que lui et qu'on comprend ce qui se passe dans le monde deux cents fois mieux que lui. Mais où est-ce que je peux trouver ce ministre pour le lui dire ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Il faudrait que je lui envoie un télégramme ? Ou est-ce que je risque d'être arrêté à cause d'un télégramme ? Qu'est-ce que j'y peux, c'est plus notre pays, maintenant c'est le leur. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent et nous, mieux vaut qu'on s'occupe de nos affaires".
Tous les aspects de la vie de tous les jours sont abordés, des difficultés financières aux tracasseries administratives, en passant par la montée des islamistes en passant par l'éducation des enfants à coups de leçons particulières.... Certains passages m'ont rappelé ce que je vois en Grèce !
Un livre où si la colère ne gronde pas (encore) on sent une société désillusionnée et qui nous fait mieux comprendre les émeutes et la révolution qui est en cours actuellement dans ce pays fascinant.
Un pays que je ne connais pas mais qui me fascine également.
RépondreSupprimerUn titre qui rejoint ma liste de livres en attente...
Très belle soirée, Amartia !
En arrivant dans un pays inconnu le premier taxi est souvent un arnaqueur. Cela me rappelle mon arrivée au Caire. Premier taxi, je donne l'adresse à laquelle je devais me rendre. Arrivé à destination je paye et monte chez mes amis. Leur première question fut :"Combien as-tu payé ?" À la réponse que je donnais leur réaction fut de me dire que j'étais tombé sur le plus grand voleur de la ville. Mais le lendemain matin le même taxi était en bas. Il s'était dit :"Voilà de bons gogos, je pourrais les arnaquer une seconde fois". Après avoir dénoncé l'arnaqueur, mon ami a réussi à nous faire promener toute la journée gratuitement. Tel est pris qui ....
RépondreSupprimerJ'avais lu ce livre-là à sa sortie et j'y ai beaucoup repensé depuis deux ans...
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