Une fois de plus Yasmina Khadra nous tient en haleine et nous oblige à dépasser les clichés amassés en regardant la télévision.
Sur les pas d'un médecin allemand bien installé dans sa vie prospère, mais qui, suite à la mort de sa femme, décide d'accompagner son meilleur ami jusqu'aux Comores, ce roman nous entraîne dans l"enfer" du désert du Sud Soudan. En effet, pris en otage, les deux amis vont passer d'une bande de ravisseurs à l'autre tant que leur prix, en tant qu'otages, ne baissera pas.
"Les minutes s'étirent comme des élancements, cherchent à m'écarteler. Il n'est pire supplice que l'attente, surtout lorsqu'elle ne débouche sur aucune certitude. J'ai l'impression de fermenter. Je ne tiens plus en place. Ma couche est faite d'épines. Je n'ose plus regarder par la lucarne ni sortir dans la courette. J'ai peur de chaque instant qui m'égratigne telle une griffure. A quoi pensé-je au juste ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je crois que je ne pense même pas. Mon cerveau cafouille. Mon toucher est vague. Je ne sens plus les choses de la même façon. Tout m'irrite, tout me chiffonne. Je suis inquiet. Mes anxiétés se surpassent. Me dépassent. Je pars dans tous les sens. Le doute a anesthésié mes facultés. On dirait que je regarde à travers des vitres tantôt givrées tantôt dépolies. Et ce que je redoutais se déclenche : le grand vertige me happe avec une dextérité qui ne me laisse pas le temps de réaliser ce qui m'arrive. De vagues souvenirs flottent autour de moi, se font et se défont dans la pénombre, semblables à des âmes éthérées. Je tends la main vers une image; elle s'étiole entre mes doigts et s'éparpille en une multitude de spirales. C'est parti ! sauf que j'ignore où cela va me mener."
Une fois entamé, ce livre ne vous lache pas. D'une écriture précise, mais souple, il nous entraîne à la suite du personnage principal et lorsqu'enfin ce dernier retrouve son univers, on reste aussi pantois que lui devant la futilité de nos problèmes d'Européens.
C'est bien, un livre qui permet de se décentrer de "la futilité de nos problèmes d'européens", tu me donnes vraiment envie de le lire !
RépondreSupprimerBonne journée, Amartia !
Ah, j'adore la photo du chat avec la bibliothèque! Deux de mes passions! En revanche, je ne suis pas fan de Yasmina Khadra, mais je ne demande qu'à revoir mon jugement...
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