Conçu comme une pièce de théâtre à un personnage, ce texte met en scène Abraham, qui, du fond de son tombeau, compte ses enfants dans le monde, lit le courrier qu'ils lui envoient et se remémore sa très longue vie.
Ce long monologue s'adresse à sa femme Sarah, qui fut certainement la plus difficile à convaincre que l'Alliance avec Dieu était "une bonne affaire". Ce dernier n'a-t-il pas attendu ses 90 ans pour tenir sa promesse de descendance ? Et quand finalement ce fils tant espéré est arrivé et a grandi, Dieu n'en a-t-il pas exigé le sacrifice ?
"Mais qu'est-ce qu'il nous veut à la fin, ton bon Dieu ? Cela fait des siècles maintenant qu'il s'acharne sur la famille. Pour une malheureuse pomme, il expulse du Paradis les pauvres Adam et Eve, comme des sans-papiers. Il nous déverse sur la tête des bassines d'eau pour nous noyer comme des chiens, heureusement que grand-père Noé a joué au pompier durant quarante jours et quarante nuits. Ensuite, il fout la zizanie dans la langue parce que Monsieur ne supporte pas la vue d'un HLM à Babel. Après, il nous déloge de Mésopotamie pour nous donner en échange une volée de pierres. Il rase sous nos yeux deux villes pour un orgasme qu'il juge mal placé. Il met quarante ans avant de me donner un enfant et maintenant qu'il et là, il veut en faire un barbecue. Si jamais il touche à un seul cheveu de mon petit, je te le jure, sur la tête de ta mère Emtelaï la fille de Karnabo, je lui arrache les yeux. Je le traînerai dans la boue, je l'écorcherai et je ferai de sa peau un tambour. Je me mettrai nue et je danserai sur son ventre durant mille ans, ou même quatre mille s'il le faut, jusqu'au grand matin où l'un de mes petits-enfants viendra me dire : "C'est bon, Sarah, tu peux arrêter. Il est mort. On respire mieux de Médine à Jérusalem".
On l'aura compris, le propos Mohamed Kacimi est loin du dogme religieux. Les références au conflit israélo-palestinien sont nombreuses, avec un soupçon d'ironie quant aux textes sacrés.
Mais pas seulement, on y croise J. Lacan, A. Chouraqui, P. Lévi des syndicalistes de Vilvoerde et j'en passe. Il s'adressent à lui, soit pour lui demander conseil, soit pour lui montrer à quel point être de sa descendance n'est pas une chose simple !
Personnellement, je n'ai pas goûté cet humour, un peu facile, me semble-t-il, et je n'ai pas cru à cette confession.
Ah! Pourtant, en lisant le début de ta critique, je me disais, "Ca, ça a dû lui plaire!". Je dois bien dire que le petit extrait - s'il m'a fait sourire parfois - ne me donne pas envie de lire le livre. Tu l'as choisi à l'encan de ta conclusion : humour facile. Merci!
RépondreSupprimerAttends ! J'ai choisi ce qui me paraissait le moins facile !
SupprimerPourtant le passage que tu nous livres ici m'a bien plu, et moi aussi, comme Gine, j'étais persuadée que tu avais aimé ce livre...
RépondreSupprimerCela m'apprendra à faire "Madame je sais tout" !
En tout cas, merci pour ce moment d'humour !