Un titre à prendre au pied de la lettre. En effet, ce roman nous raconte ce que signifie le fait de ne plus être dans cet Orient qu'on dit Proche.
Adam, Professeur d'Histoire, Libanais installé à Paris depuis les débuts de la guerre, n'est jamais retourné dans son pays, jusqu'au jour, où l'un de ses anciens amis l'appelle sur son lit de mort. La veuve souhaite réunir les membres de leur petite confrérie et le charge de les contacter.
Commence alors un voyage intérieur sous forme de notes prises au fil des recherches, des contacts et finalement des retrouvailles. C'est ainsi qu'on découvre les itinéraires variés et divers qu'ont suivis les sept ou huit amis, dont la plupart ont quitté le pays.
Alors que dans "Origines" Maalouf nous contait l'histoire de sa famille sans vraiment s'impliquer lui-même, dans ce roman-ci, ils nous dévoile un peu plus de lui-même, puisque selon ses dires il s'est "librement inspiré de sa propre jeunesse".
Il évoque le Liban et la complexité de sa société, les espérances, et les souffrances de la guerre ou de l'exil.
"Pourquoi la foi occupe-t-elle une telle place dans cette région du monde ?"
Les amis se consultèrent du regard, et ce fut Naïm qui s'exprima en premier.
"C'est ce qui se dit en Occident, mais n'en crois pas un mot ! Ce n'et qu'un mythe. La vérité, c'est exactement l'inverse..."
"Ah bon ?"
"C'est l'Occident qui est croyant, jusque de dans sa laïcité, et c'est l'Occident qui est religieux, jusque dans l'athéisme. Ici, au Levant, on ne se préoccupe pas des croyances, mais des appartenances. Nos confessions sont des tribus, notre zèle religieux est une forme de nationalisme..."
On s'attache à chacun des personnages, l'humour et la légèreté ne sont pas en reste, même si les uns et les autres ont connu des moments tragiques dans leur destinée.
Le roman est divisé en seize journées, racontée à la fois à la première et à la troisième personne, cette dernière faisant le lien narratif entre les notes journalières prises par le protagoniste.
Un beau et vrai roman, qui ne fait que confirmer le plaisir que j'ai toujours eu à lire cet auteur.
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