Un réquisitoire en bonne et due forme contre l'enseignement habituel de la grammaire, celui qui dégoûte les enfants de la lecture et plus encore de l'écriture.
Loin d'un ouvrage polémique, Orsenna prend le parti d'écrire un conte, alliant le merveilleux au magique.
Deux enfants ayant fait naufrage, ont perdu l'usage de la parole, mais dans leur malheur ils ont de la chance, car ils sont recueillis sur une île, par un certain Monsieur Henri, qui n'a rien à envier à l'auteur de la chanson dont parle le titre. Et ce n'est pas n'importe quelle île, c'est l'île des mots, celle où on peut les voir vivre leur vie, indépendamment de l'usage que l'on en fait. Alors que la petite Jeanne s'émerveille de leur découverte, son frère, choisit d'apprendre à s'exprimer par la musique, qu'il apprend avec le neveu de Monsieur Henri.
Et c'est ainsi que Jeanne va réapprendre à aimer les mots, à former des phrases tout en jouant avec eux. Mais c'est sans compter avec M. Nécrole qui l'enlève et l'enferme dans la classe où les enseignants qui ne suivent pas les règles académiques doivent suivre un stage.
"Nécrole est le gouverneur de l'archipel, bien décidé à y mettre de l'ordre. Il ne supporte pas notre passion pur les mots. Un jour, je l'ai rencontré. Voici ce qu'il m'a dit : "Tous les mots sont des outils. Ni plus ni moins. Des outils de communication. Comme les voitures. Des outils techniques, des outils utiles. Quelle idée de les adorer comme des dieux ! Est-ce qu'on adore un marteau ou des tenailles ? D'ailleurs, les mots sont trop nombreux. De gré ou de force, je les réduirai à cinq cents, six cents, le strict nécessaire. On perd le sens du travail quand on a trop de mots. Tu as bien vu les îliens : ils ne pensent qu'à parler ou à chanter. Fais-moi confiance, ça va changer..." De temps en temps, il nous envoie des hélicoptères équipés de lance-flammes, et fait brûler une bibliothèque..."
Jeanne parviendra-t-elle à s'en échapper et à ré-apprivoiser les mots ? Je vous laisse le découvrir dans ce petit livre à mettre dans les mains de tous les enseignants et bien sûr.... de tous les enfants.
Mais en attendant je ne résiste pas au plaisir d'écouter une nouvelle fois Monsieur Henri.
Enthousiasmant - la rencontre de deux poètes! En plus, j'adore l'écriture d'Orsenna, même si je n'adhère pas à toutes ces idées. C'est un vrai littérateur!
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