vendredi 26 octobre 2012

Shahriar Mandanipour : EN CENSURANT UN ROMAN D'AMOUR IRANIEN, Seuil, 2011


Peut-on écrire un roman d'amour en Iran, à l'heure de la République islamique ? C'est à cette question que répond Shahriar Mandanipour. Il ne se contente pas de répondre "Non" dans le vide, mais il nous en donne la preuve tout au long de son ouvrage. 

L'écriture est triple : celle du roman d'amour est en gras, les passages à censurer sont biffés et, en caractères simples, les tâtonnements,  les interrogations, voire les explications de l'auteur sur ses doutes et ses difficultés à faire aboutir son projet, ainsi que la véritable histoire de ses deux protagonistes, histoire impubliable en Iran de nos jours.



Mais retournons à l'université de Téhéran...
Les étudiants reçoivent toujours des coups de matraque...
Non. Cette phrase ne plaira pas du tout à M. Petrovitch. En outre, du point de vue de la littérature iranienne, ce n'est pas une information le moins du monde passionnante, parce que dans mon pays, depuis la fondation de la première université, se faire tabasser et être jeté en prison a toujours fait partie du programme obligatoire des études.... Voilà donc comment je vais effectuer la transition pour reprendre le fil de mon récit : Revenons ensemble à ce beau jour de printemps dans la rue de la Liberté...
La police antiémeute poursuit ses efforts pour disperser les étudiants. (...) 

L'intérêt du roman réside bien sûr dans la partie du dialogue avec lui-même, avec ses personnages, et avec ses lecteurs. On y découvre un pays où toutes les activités sont soumises aux diktats du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, dont les sbires sont toujours prêts à intervenir dans la moindre activité quotidienne. Et pourtant, sa jeunesse ne manque pas d'audace ni de rêves : l'héroïne, n'hésite-t-elle pas à ôter son voile en pleine rue en échange d'un livre auquel elle tient beaucoup ? 

Le propos est intéressant, mais à la longue, le roman s'épuise et tourne autour de son procédé. Mais au moins la démonstration est faite, l'histoire d'amour proprement dite est insignifiante, digne des romans de la série Arlequin et ne peut être terminée.

Il n'est pas étonnant que l'auteur ait émigré aux Etats-Unis  en 2006, pour pouvoir poursuivre son oeuvre. Un auteur à suivre.

3 commentaires:

  1. merci ma chère Armarita, oui, il est bon de se confrontait là où la liberté se prote en berne
    merci de ton recit
    je t'embrasse

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  2. Ouf! Je ne pense pas que je lirai... Pénible, bien que convaincant!

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  3. Bonjour. j'ai lu ce livre, un roman , donc une oeuvre de fiction, mais qui n'en est pas moins une peinture de ce qu'est la vie au quotidien en Iran, laquelle me fait personnellement frémir et douter que nous soyons au XXIème siècle… Je me pose toutefois deux questions. Tout d'abord, comment se fait-il que ce roman ait été, malgré tout, si j'ai bien compris, récompensé dans ce pays ? Ensuite, il est dit que l'auteur avait été interdit de séjour dans ce pays entre 1992 et 1997. Pouvait-il donc y revenir entre (1997 et 98 ; apparemment, en tout cas, ce n'est pas ce qu'il a fait…) ?

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