mardi 8 mars 2011

Amin Maalouf : L'AMOUR DE LOIN, Grasset, 2001

Pour sa deuxième collaboration avec la compositrice Kaija Saariajo, Amin Maalouf a écrit un livret d'opéra basé sur l'histoire au temps des croisades, de Jaufré Rudel, troubadour et prince de Blaye.
C'est un opéra en cinq actes, et trois personnages : Jaufré, Prince de Blaye et troubadour (baryton), Clémence, comtesse de Tripoli (soprano) et Le Pèlerin (mezzo-soprano).

Jaufré s'ennuie et chante l'amour courtois sans but précis, au point que ses camarades le raillent et se moquent de lui. Mais le Pèlerin, lui apprend, qu'il y a forcément au monde, une femme digne de son amour. Jaufré n'aura désormais de cesse de chanter cette dame et l'amour "de loin" qu'il lui porte.

Arrivé à Tripoli, Le Pèlerin aperçoit LA femme qui ne peut être que la destinataire de ces poèmes : Clémence et s'empresse de lui révéler l'existence de cet amoureux fou

Clémence : Et il parle de moi dans ses chansons ?
Le Pèlerin : Il ne chante plus aucune autre dame.
Clémence : Et il... il mentionne mon nom, dans ses chansons ?
Le Pèlerin : Non, mais ceux qui l'écoutent savent qu'il parle de vous.
(...)
Clémence : Et que dit ce troubadour ?
Le Pèlerin : Ce que disent tous les poètes, que vous êtes belle et qu'il vous aime.
Clémence : Mais de quel droit, Seigneur, de quel droit ?
Le Pèlerin : Rien ne vous oblige à l'aimer, comtesse. Mais vous ne pouvez empêcher qu'il vous aime de loin.

Même "de loin", cet amour va porter et Clémence va, elle aussi, se mettre à ne plus penser qu'à cet inconnu.

La rencontre aura lieu au cinquième acte, mais Jaufré, tombé malade durant le voyage pour Tripoli, meurt dans les bras de sa bien-aimée, qui, de dépit entre au couvent.

Jusqu'au bout, cet amour restera sublimé :

Clémence :    Il est possible que Notre Seigneur ne veuille pas encore vous arracher à ceux qui vous entourent
Jaufré :         N'abusons pas des bontés du Ciel !
                     Je lui ai demandé la grâce de vous voir une fois avant de mourir, et vous voilà devant moi.
                     La dernière image que je garderai de ce monde est celle de votre visage et de vos yeux qui m'embrassent.
                     La dernière voix que j'aurai entendue, c'est la vôtre, qui cherche à m'apaiser.
                     La dernière sensation de mon corps de mortel, c'est ma main épuisée qui s'endort dans le creux de la vôtre.
                     Que demander de plus au Ciel ? Même si je vivais encore cent ans, comment pourrais-je connaître une joie plus entière ?

Cet opéra a été créé à Salzbourg, en août 2000 dans une mise en scène de Peter Sellars. Mais il a également été joué à Londres en 2009,  représentation dont voici une photo 


Le texte est léger, harmonieux, sans grandiloquence et se lit d'un jet. J'y ai pris du plaisir.

1 commentaire:

  1. Je vois que tu sois cet auteur, sans défaillir ! Tu sais que je ne l'aime pas trop, mais ton texte m'a presque convaincue ...

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