Aris Fakinos est un auteur grec que j'ai découvert il y a bien longtemps et dont j'ai lu une grande partie de l'oeuvre.
C'est avec le même plaisir et surtout le même intérêt que j'ai relu "La vie volée".
Un vieil homme récupère, de justesse avant sa destruction, le dossier que la Sûreté grecque avait sur son compte. Au fil des notes des différents agents, sa femme et lui se rappellent les luttes, les résistances, les déportations, les amitiés, les déceptions. Il leur a fallut atteindre la vieillesse pour enfin pouvoir vivre vraiment ensemble.
Au travers de cette vie, Fakinos retrace l'histoire de la Grèce du XXe siècle et plus précisément l'histoire des communistes, du rôle qu'ils ont joué dans la résistance à l'occupation nazie à la répression sans merci qu'ils ont subie suite au partage de Yalta. Il raconte les camps de détention, notamment celui de Makronissos.
"A l'époque, le pouvoir ne jouait pas au papa-gâteau, ne distribuait pas caresses et sourires, il ne mâchait pas ses mots, ne se camouflait pas comme aujourd'hui sous le travestissement de la démocratie. Il avait de la dignité. Ce qu'il voulait dire, il le disait clair et net. Quant les flics de la Sûreté nous tombaient dessus et nous emmenaient à coups de pied au bureau des interrogatoires, quand ils défaisaient leurs ceinturons ou préparaient leurs instruments de torture, il n'y avait aucun faux-semblant, pas la moindre ambiguïté, on ne se berçait pas d'illusions. On savait parfaitement qui ils étaient et ce qu'ils attendaient de nous, on s tenait prêt, on se recroquevillait par terre en veillant à se protéger la tête avec les bras - sous la trique, au premier coup sur la plante des pieds, on serrait les dents. "Tiens bon", nous disaient les prisonniers des cellules voisines en frappant en cadence leurs souliers contre le mur, et l'on reprenait courage, on résistait autant qu'on pouvait. Mais qui trouver à présent autour de soi, au café ou à la maison pour nous crier "tiens bon" au moment où surgit la première image à la télévision?"
En lisant ce livre on comprend mieux l'importance encore actuelle du PC grec et de sa présence dans le débat public. On réalise aussi que la Grèce a connu bien peu de répit : de la dictature de Metaxas, en passant par la deuxième guerre mondiale, la guerre civile et la chasse aux communistes qui s'ensuit, à la dictature des colonels de 1967 à 1974.
Ce sont tous ces événements que se remémore le narrateur qui, à la fin de sa vie, déplore la prise du pouvoir de Eltsine et de la dislocation de l'URSS.
Aris Fakinos dresse le portrait d'un homme qui s'est toujours battu pour plus de justice et d'un pays pris dans les enjeux des grandes puissances.
hello
RépondreSupprimerje ne trouve plus ton autre blog " mes instantanés "
je lis très peu d'auteurs contemporains
je suis surtout fan du xviiiéme
en ce moment je relis Thomas Hardy
bonne journée
bisous
sur FaceBook je suis sous le nom " Edith dutertre "
mais tu as peut-être fait déjà le lien
moi non avec toi , maintenant c'est fait
à bientôt
edith (iris)
merci , je connaissais le nom mais je n'avais pas lu et cela me donne envie de lire merci de ce partage et je t'embrasse très fort cela fait longtemps que nous nous étions pas croisées. A bientôt
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