Nicolas Bréhal, de son vrai nom Gérald Solnitzki, parvient avec talent, à mêler les contes et légendes bretonnes aux grandes tragédies grecques.
Dans une atmosphère lourde de tempêtes, de vents violents suivis d'accalmies non moins inquiétantes, il nous raconte le destin de la famille Bowley, "prisonnière" de Belle Île, dont il se plaît à nous rappeler qu'on l'a appelée "Vindilis".
Régnante en maître de l'île, employant agriculteurs et pêcheurs, aucun de ses membres n'échappera à la prophétie que la "druidesse" redoutée avait annonçait à la mère :
"Bientôt, elle mettrait au monde un enfant à deux têtes, l'une blanche, l'autre noire, trouées par des yeux de diamant pur. Dans le sac de chair, la source d'eau et de sang, mêlés, deviendrait fleuve de châtiment. Un homme serait tué, et sa mort la cause de la pire malédiction que l'on puisse rencontrer ici-bas. Les deux têtes de l'enfant se sépareraient le jour où l'âme du mort trouverait enfin le repos éternel. Pour cela, dans le sein nourricier, le coeur cesserait de battre; et la main, ayant osé de ses caresses toucher ce sein, tomberait, tranchée d'un coup de lame."
Si l'issue est connue, l'auteur prend le temps de dresser le portrait de chacun en s'attardant avec attachement sur celui de la fille, à qui il confie la lourde tâche d'écrire et de transmettre le déroulement du drame et d'en être "l'exécutrice".
Comment ne pas penser au film de Pasolini, Théorème, qui, en d'autres lieux et d'autres temps, avait également incarné le destin, en la personne d'un étranger venu semer le trouble dans ce qui paraissait une famille unie et respectable.
Le roman est construit de manière forte, sans artifice et dans une langue sobre. Il se lit d'un traite. Il m'a fait découvrir un univers, la Bretagne et ses légendes, dont je dois bien avouer que je ne connais que peu de choses.
Un auteur dont je me réjouis de découvrir les autres romans.
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