vendredi 4 mars 2016

Jean-Christophe Ruffin : IMMORTELLE RANDONNEE, Compostelle malgré moi, Gallimard 2013


Voilà un récit de voyage passionnant, car il ne s'agit pas d'un carnet de route, écrit au jour le jour, mais de la narration, après coup, de tout ce qu'il en reste.

On y perd en petites anecdotes, mais on y gagne et, oh combien, en réflexions sur le sens du chemin, que celui-ci soit un pèlerinage ou non. 

Pris comme une parenthèse qu'il s'offre à lui-même, le Chemin de Compostelle va lui révéler bien plus de choses sur lui-même que ce qu'il n'en attendait. J.-C. Ruffin nous livre ses sentiments, ses impressions et nous entraîne dans cette expérience plus riche de découvertes que ce qu'il ne s'y attendait.

"Les meilleurs souvenirs que j'ai gardés de la Cantabrie, je les dois aux moments où je me suis égaré. Un jour de pluie, je bifurquai à un croisement de sentier et me retrouvai perdu en pleine montagne. Là où le chemin ordinaire m'aurait retenu dans la plaine et au bord des routes, je me retrouvai à grimper une côte escarpée au milieu d'épais fourrés que vernissait la pluie. Tout en haut, je débouchais sur une longue crête plantée d'épicéas et d'eucalyptus. Par moments, le vent dégageait les brumes et découvrait la côte, loin en contrebas. (...) Je connus ce matin-là le bonheur d'être perdu dans la nature, sans coquille à repérer, sans bruit de camions ni lotissements déserts. Je m'orientai comme le font les montagnards, reprenant d'un coup la vision d'ensemble que l'on doit avoir lorsque l'on trace soi-même son itinéraire par monts et par vaux, fier d'avoir ôté de mon cou la laisse asservissante du Chemin."


Je n'avais jamais rien lu de Ruffin, je ne suis passionnée ni de marche, ni d'efforts physique, encore moins de religion, mais ce livre restera longtemps dans ma mémoire, car il porte en lui le retour sur ce qui fait de nous des humains, sans oripeaux, avec une franchise simple et directe.

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