mercredi 4 novembre 2015

Alessandro Baricco : Mr GWYN, Gallimard, 2011


Alessandro Baricco est un auteur dont je n'hésite jamais à acquérir un livre lorsque je tombe dessus lors de mes trop rares passages en librairie.

Je l'ai trouvé à l'aéroport et c'est donc dans les bagages de retour de mon dernier voyage en Suisse, que je l'ai embarqué. 

Bouquin d'aéroport (avant on disait "littérature de gare") ? Non, bien au contraire. Il s'agit d'une réflexion peu banale sur le métier d'écrivain, mais avec toujours la légèreté et la finesse dans le propos que l'on connaît à cet auteur. 

Nous sommes à Londres où Mr. Gwyn, auteur à succès, décide de ne plus se prêter aux contingences liées à son métier : discussion dans les classes, interview, séances photo "le menton dans la main, songeur", mais surtout, et au grand dam de son éditeur et ami, de ne plus écrire. C'est sans compter le sentiment de vide qui s'installe, après une courte période euphorique de liberté.

"Il y avait un tas d'autres choses dont il ne devait plus se préoccuper. Il était comme un de ces chevaux qui, débarrassés de leur écuyer, reviennent en arrière perdus, au petit trot, tandis que les autres sont encore à se démener pour atteindre la ligne d'arrivée avec un classement quelconque. Le plaisir généré par cet état d'âme était infini."

C'est en visitant une galerie de portraits qu'il décide de reprendre la plume. Lui qui n'est pas doué en peinture dressera le portrait intime de quelques personnes sciemment choisies à l'aide des mots qui lui sont si chers. Il ne s'agit bien sûr pas d'une description, mais de découvrir non pas "des personnages, mais des histoires. (...) Chacun de nous s'arrête à l'idée qu'il est un personnage engagé dans Dieu sait quelle aventure, même très simple, or nous devrions savoir que nous sommes toute l'histoire et pas seulement ce personnage. Nous sommes la forêt dans laquelle il chemine, le voyou qui le malmène, le désordre qu'il y a autour, les gens qui passent, la couleur des choses les bruits".

Pour parvenir à son but, il met en place un dispositif semblable aux séances de pose chez un peintre, condition nécessaire pour permettre à ses sujets de "revenir chez eux". 

Mr. Gwyn se définit dès lors comme "copiste". Ce n'est qu'à la fin de l'ouvrage que ce terme trouvera son vrai sens.

Un livre qui se lit d'une traite, qui vous charme, vous ravit, vous interroge sans jamais alourdir le plaisir que vous prenez à suivre cet écrivain dans sa démarche peu banale.

1 commentaire:

  1. Bien que passionnée de littérature italienne, je connais mal Alessandro Baricco, j'ai seulement lu "Soie". Votre billet me donne envie de le découvrir davantage, je vais me mettre à la lecture de "Mr Gwyn". Merci !

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