William Boyd réussit un tour de force : écrire le journal d'un autre écrivain. Et on y croit !
Mais ce roman, car il s'agit bien d'un roman, c'est aussi la revue des grandes étapes du XXe siècle, des grands personnages de la littérature et de l'art.
Commencé à l'âge de 12 ans, le journal de Logan Montstuart se termine peu avant sa mort à 85 ans. Mais aucune linéarité dans cette vie avec "ses (mes) hauts sporadiques et mes bas atterrants, mes brefs triomphes et mes terribles pertes". Si le jeune Logan se demande comment il fait pour être un si bon menteur, face à son journal il décide de ne rien se cacher, de ne rien enjoliver, de se regarder sans complaisance. Et du coup, on l'accompagne, on s'amuse avec lui, on pleure avec lui, on voyage avec lui.
De la dépression de 1929 à la bande à Bader, William Boyd entraîne son personnage dans la guerre civile espagnole, dans le service de renseignements anglais durant la deuxième guerre mondiale, des galeries d'art parisiennes à celles de New York, sans jamais oublier qu'il s'agit bien d'un journal intime. Les sentiments, amitié, amour, déception, jalousie, dépression ne sont jamais oubliés. Si Logan Montstuart se révèle écrivain modeste, son roman le plus achevé reste certainement sa vie.
"Content d'avoir repris ce journal même si son objectif est plus sinistre. Je crains qu'il ne devienne un document sur le déclin d'un écrivain; un commentaire de la scène littéraire londonienne vue par un plumitif démodé. Ces actes terminaux dans la vie d'un écrivain ne sont en général pas racontés parce que la réalité est trop honteuse, trop triste, trop banale. Mais, au contraire, il me semble plus important maintenant, après tout ce qui s'est passé autrefois, de décrire les faits tels que je les vis."
Pas une minute d'ennui, pas une page de trop ! Et puis surtout, surtout, toute l'élégance british, même dans les pires moments.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire