jeudi 4 juillet 2013

Erik Orsenna : ET SI ON DANSAIT ?, Stock, 2009


Après La grammaire est une chanson, Les Chevaliers du Subjonctif   et La révolte des accents, Erik Orsena poursuit sa déclaration d'amour de la grammaire en s'attaquant à la ponctuation.

La petite Jeanne a déjà 16 ans et elle est devenue la plume du Président Bonaventure. Quant à son frère Tom il continue de s'intéresser à la musique. Or quoi de plus proche de la musique et de son rythme, que la ponctuation ?

Preuve à l'appui, Orsena nous prouve que sans la ponctuation un texte ne vit pas, il chante et il danse encore moins.

eusjepeuralorscommentlesauraisjetoutétaitsirapideetmouvantetsaccadeélesdeuxautresrhinocéroschargèrentàleurtourentrecesfrontsbaissésdemontreslaLandroverviraitsuruneailereculaittournoyaitbondissaitunedéfaillancedumoteurunefaussemanoeuvreetnousétionstranspercéséventrésempalésparlescornestranchantes

D'abord, il faut séparer les mots des uns des autres :

Eus je peur alors comment le saurais je tout était si rapide et mouvant et saccadé les deux autres rhinocéros chargèrent à leur tour entre ces fronts baissés de monstres la Land Rover virait sur une aile reculait tournoyait bondissait une défaillance du moteur une fausse manoeuvre et nous étions transpercés éventrés empalés par les cornes tranchantes.


Puis, il faut les faire danser !

Eus-je peur alors ? Comment le saurais-je ? Tout était si rapide et mouvant et saccadé. Les deux autres rhinocéros chargèrent à leur tour. Entre ces fronts baissés de monstres, la Land Rover virait sur une aile, reculait, tournoyait, bondissait. Une défaillance du moteur, une fausse manoeuvre et nous étions transpercés, éventrés, empalés par les cornes tranchantes.

L'édition en Livre de Poche a gardé les illustrations de Montse Bernal



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