samedi 4 septembre 2010

Claudie Gallay : SEULE VENISE, Ed. du Rouergue, 2004



Je suis à nouveau tombée sous le charme de l'écriture de Claudie Gallay. Son style s'harmonise parfaitement à l'ambiance de cette Venise hivernale et pluvieuse, dans laquelle, suite à une rupture douloureuse, la narratrice vient se perdre dans le labyrinthe des ruelles et des canaux, pour mieux se retrouver. 

La sobriété des phrases, leur simplicité, nous entraîne, non pas dans la Venise puissante et glorieuse, mais dans celle du quotidien d'une petite pension minable et d'une librairie de quartier. 



C'est ainsi que la jeune femme va retrouver le goût des choses - le vin qu'elle apprend à déguster en compagnie d'un vieux prince russe tragiquement romantique, le chocolat qu'elle boit au Florian, les livres et surtout les peintures de Zoran Music que lui fait découvrir un libraire -, le goût du contact avec les autres - outre l'amour quasi filial qu'elle ressent pour le prince, elle se lie d'amitié avec Luigi, le propriétaire aux dix-huit chats de sa pension ainsi qu'avec un jeune couple également locataire -, et petit à petit , le goût du désir et de l'amour. 


 Zoran Music Façade à Venise, 1983,
© Paris-Musées. Photo : Karin Maucotel
"Je prends un livre. Au hasard. Je l'ouvre, une page par le milieu. 
Vous revenez avec un plateau, deux tasses, des sucres dans une coupe. 
Vous versez le café dans les tasses. 
Du doigt, vous me montrer le livre que je tiens contre moi. 
- Zoran Music, vous connaissez ? 
Je fais non avec la tête. 
Vous vous asseyez sur un carton, moi sur la chaise en face. 
- C'est un peintre. Il habite ici, à Venise, dans le Dorsouro. 
Je regarde le livre. Le titre. La barbarie ordinaire, Music à Dachau, Jean Clair. 
Vous allumez une cigarette. 
- Cet homme est allé au pus loin dans la peinture. Il est allé dans ce qu'il était même impossible de peindre. 
Vous me parlez de lui. Longtemps. En ouvrant le livre et en le refermant. Quand vous vous arrêtez, je souris. Peut-être que vous attendez que je dise quelque chose. 
Je n'ai rien à dire. Je vous écoute."  

Décidément une auteure qui m'enchante.

4 commentaires:

  1. Oui, ce roman m'a replongée dans Venise et je m'y suis promenée avec délice, malgré le désenchantement de l'héroïne. Une fois encore pour cette auteur la trame est mince, mais la magie opère : on reste scotché !

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  2. Une Venise sans de pigeons,sans touristes agglutinés les uns aux autres, on a vraiment envie d'y entrer et de se laisser entraîner le long des ruelles pour y rencontrer des gens vrais,je crois que je vais le faire, merci de cette invitation ! Anne

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  3. J'avais emmené ce livre lors de mon séjour à Venise et je l'ai lu très vite tellement il m'a plu mais je n'ai pas retrouver sa pension!

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