vendredi 17 septembre 2010

Nick Hornby : HAUTE FIDELITE, Plon, 10/18, 1997


Un adolescent attardé (à 35 ans quand même !) qui passe son temps à se plaindre de ce que sa vie, et principalement sa vie amoureuse, lui a réservé, voilà un sujet qui, de prime abord, n'avait rien pour me plaire.

Et bien, Nick Hornby réussit le tour de force, sans nous rendre le personnage sympathique pour autant, de nous intéresser, tout du moins, à sa démarche de remise en question et à son apprentissage de la vie adulte – tout n'est donc pas toujours de la faute des autres…! 



Il faut dire que l'auteur y met les formes : de l'humour, beaucoup de folie et surtout une anthologie de la musique rock pop de ma jeunesse. Je me suis mise à rechercher sur le net quelques-uns des tubes cités, juste pour le plaisir de les réentendre, et plein d'autres, inconnus au bataillon, en tout cas de mon bataillon.

Son anti-héro tient un magasin de disques, mais attention, pas n'importe lesquels, des vinyles choisis selon des critères bien personnels et quasi intégristes. En cela il est de très haute-fidélité à certains groupes et n'hésite pas à refuser de servir des clients lui demandant la musique qu'il ne considère pas digne d'entrer dans son antre. Et puis il a des moments d'intense plaisir :

"J'aime bien aussi les gens poussés par le désir de retrouver une chanson qui ne les lâche pas, les distrait une chanson qu'ils entendent dans leur propre souffle quand ils courent après le bus, ou dans le rythme de leurs essuie-glaces quand ils rentrent du travail. Parfois la coupable est une chansonnette banale et rebattue ; ils l'ont entendue à la radio, ou dans une boîte. Mais quelquefois elle leur est parvenue comme par magie. Parce que le soleil s'est mis à briller, qu'ils ont vu une jolie fille, et que soudains ils se sont mis à fredonner un refrain qu'ils n'avaient pas entendu depuis quinze ou vingt ans; un jour, un type est venu parce qu'il avait rêvé un disque, de A à Z, la mélodie, le titre, l'auteur. Quand je le lui ai trouvé (c'était un vieux truc reggae, Happy go lucky girl des Paragons), et qu'il a correspondu plus ou moins avec son rêve, l'expression de son visage m'a donné le sentiment de ne pas être un marchand de disques, mais une sage-femme, ou un peinte, quelqu'un dont la vie quotidienne se déroule dans le domaine du transcendant."

Mais tout commence par le Top five de ses ruptures amoureuses inoubliables. Il vient en effet d'être largué par Laura et pour comprendre ce qui lui arrive, il a besoin de "faire le point".

"Je voudrais bien les voir, maintenant: Alison Ashworth qui m'a laissé tomber au bout de trois soirées minables dans le parc. Penny qui ne voulait pas que je la touche et qui est allée se jeter dans les bras de cette crapule de Chris Thompson pour coucher avec lui. Jackie, séduisante seulement tant qu'elle sortait avec un de mes meilleurs amis. Sarah, avec qui j'ai scellé un pacte contre tous les plaqueurs du monde et qui m'a plaqué tout de même. Et Charlie. Surtout Charlie, parce que c'est à elle que je dois dire merci pour tout: mon super boulot, ma sexualité sereine, mes sueurs froides. Je voudrais être un homme équilibré, débarrassé de tous ces caillots de haine, de culpabilité et de dégoût de soi. Qu'est-ce que je ferais si je les revoyais? J'en sais rien. On parlerait, c'est tout. Je leur demanderais comment elles vont, si elles m'ont pardonné de les avoir bouisillées, alors que c'est elles qui m'ont bousillé. Ça serait pas génial? Si je les voyais toutes à tour de rôle et qu'il n'y avait plus de rancune, plus rien de dur, juste des sentiments doux, étouffés, du brie plutôt que du vieux parmesan, je me sentirais propre, calme, prêt à redémarrer."

Force lui est de constater qu'il a toujours été quitté pour un autre. Et THE question is : 

"Est-on malheureux parce que l'on écoute de la musique pop, ou est-ce que l'on écoute de la musique pop parce que l'on est malheureux ? A vous de juger."

Il ne faudra pas moins de 35 chapitres, légers et amusants, pour que Rob se retrouve et s'accepte :

"Ce soir, pour la première fois de ma vie, je vois un peu comment il faut s'y prendre."

3 commentaires:

  1. Merci, Amartia, pour cette référence sympathque.
    L'apprentissage de la vie adulte, n'est-ce pas l'un des apprentissages les plus difficiles ?
    Bon weekend à toi !
    Norma

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  2. @norma c : Je suis peut-être un peu sévère avec les Tanguy actuels et veux bien admettre que les conditions sont plus difficiles actuellement que ce qu'elles étaient il y a une trentaine d'années, mais c'est vrai, les ados à 35 ans, j'ai de la peine ! A part ça l'auteur n'est pas dupe et pas tendre non plus.

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  3. Tu venais de le finir qd nous étions chez toi en septembre. Je me le suis acheté il y a quelques semaines. Je l'ai commencé hier soir. J'aime le début qui est déjà très drôle :-)
    A suivre

    Virginie HENNEBELLE

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