samedi 1 septembre 2018

Anne Cuneo : CONVERSATION CHEZ LES BLANC, Bernard Campiche, 2009



Peu de francophones se rappellent d'Anne-Marie Blanc, comédienne  Romande, mais ayant fait sa carrière en Suisse alémanique et principalement au Schauspielhaus de Zürich.  Ce fut pourtant une vedette qui n'a cessé de jouer, au théâtre comme au cinéma, jusqu'à plus de quatre-vingts ans.

Parce qu'elle ne voulait pas qu'on écrive sa biographie, Anne Cuneo nous raconte une histoire, celle de leur rencontre, de leur amitié indéfectible et de leur complicité. 

Mais c'est un récit à plusieurs facettes, car au cours d'une de leurs conversations sur le manque de rôle pour les comédiennes entre deux âges, Anne Cuneo promis à Anne-Marie Blanc, de lui en trouver un, et à défaut de le lui écrire.
Que n'avait-elle promis-là ? "Les mots de François Simon me hantaient toujours : assurer à un comédien qu'on écrira un rôle pour lui et ne pas le faire c'est comme promettre le mariage, fixer la date et prendre rendez-vous, puis faire faux bond à la mairie".

La quête d'un sujet, d'un personnage qui puisse convenir entraîne l'auteur à chercher à toujours mieux connaître la comédienne et ce qui a forgé sa personnalité. C'est ainsi que mine de rien, nous découvrons par petites touches ce qui fut la vie d'une femme qui a su mener sa carrière de front avec sa vie familiale sans perdre pied, ou se laisser leurrer par les feux de la rampe.

"Si vous deviez nommer quelques rôles qui ont marqué votre carrière, lesquels choisiriez-vous ?"
"Je commencerais par Rosalinde. C'est ce personnage qui m'a en quelque sorte poussée à faire du théâtre. J'ai toujours été très bonne dans ces rôles ambigus, un peu homme, un peu femme. Ca fait réfléchir sur ses propres limites, vous voyez. Je dois me comporter en jeune homme - mais je suis une jeune fille. Jusqu'où je vais ? Mes gestes ? Ma tenue ? Ma voix ? Le costume suffit-il ? Peggy Ashcroft disait qu'on ne peut jouer ces rôles juvéniles là que lorsqu'on est mûr. Moi, j'ai joué Rosalinde à trente ans, et puis je l'ai jouée une seconde fois à trente-cinq ans. J'avais la chance d'être restée svelte, j'avais la silhouette de l'emploi."

Ses débuts au Schauspielhaus permet à Anne Cuneo de revenir sur le rôle  de refuge pour les comédiens Allemands et Autrichiens et de résistance à la propagande nazie que ce théâtre a joué pendant les années de guerre. Elle en avait déjà fait le sujet d'un de ses précédents romans : "La Tempête des heures". 


De recherches en conversations, de moments de dépression en moments de soutien, Anne Cuneo parviendra finalement à écrire cette fameuse pièce, dont elle nous livre le texte et Anne-Marie Blanc la jouera, pour la première fois sur une scène romande, en 1989 à l'âge de quatre-vingts ans. 

Un livre profond, intelligent et intéressant, bien au-delà de la biographie d'une comédienne, largement illustré par des photos de l'artiste. 

Anne-Marie Blanc dans "Gilberte de Courgenay" 1941


1 commentaire:

  1. je ne connais pas du tout , ni le livre , ni l'actrice
    je note
    je ne savais pas que tu avais un blog de lecture
    je vais m'abonner
    à plus
    edith

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