dimanche 27 juin 2010

Philippe Djian : SOTOS, Gallimard, NRF. 1993


Sotos Trois hommes, le fils, le (beau)-père, le grand-père, dans un combat grandement inspiré de la corrida. Un fils qui pour entrer dans l'âge adulte doit s'affranchir de la tutelle de son grand-père (faute de père), un beau-père qui doit réaliser le rêve de sa jeunesse, un grand-père qui doit maintenir sa toute puissance, non seulement sur la famille, mais sur la région. Mais quoi de mieux que de lire ce qu'en dit l'auteur lui-même :

"Pour moi, il est évident que la corrida est à la fois représentation des âges de la vie et de la manière dont on peut avoir une vision de la vie en général. Il y avait longtemps que j’avais envie de bâtir un livre là-dessus. Donc, par le fait de raccorder les tercios aux âges de la vie — parce que dans mon livre il y a un jeune, un homme d’âge mûr, et un vieux — par la manière qu’ont les personnages de voir la vie, on entre dans l’arène et on croit que tout va bien se passer, on est plein de force et de fougue. Puis on reçoit le premier châtiment... J’ai l’impression que la vie se passe un peu comme cela. Ça correspondait donc pour moi à une espèce de représentation un peu allégorique de la vie. Le côté littéraire a fait seulement que les tercios sont dans le désordre." 
© M. Darrieumerlou, Planétaires n°1457, 22/07/1993 

Autant vous dire que je n'ai pas aimé !

Sous le couvert du style Djian – qui m'a bien plus convaincue dans de précédents ouvrages ("Crocodiles", "Zone érogène") – on suit les hésitations du jeune Mani, mais on tombe rapidement dans la banalité psychologisante de chaque fin d'adolescence, avec, sommet du blues, la grande initiation sexuelle auprès de la mère du meilleur ami ! 

Ce livre m'a ennuyé, car j'ai, plus souvent qu'à son tour, eu l'impression de regarder une série télévisée pour ados en mal de sensations fortes et senteur de petites culottes féminines. Tout cela manque de rythme, de suspens, d'enthousiasme, ce qui est un comble, pour une "corrida". 

Le seul personnage intéressant – celui de la mère – est quasi absent, alors que c'est lui que j'aurais aimé suivre. Mais, dans ce roman tout du moins, le regard posé par Djian sur les femmes est bien trop empreint de désir coupable et de vénération réductrice à la seule fonction éjaculatoire, pour que la mère puisse prendre le rôle de matador.

4 commentaires:

  1. Je déteste la corrida, alors, je pense que je n'achèterai pas ce livre...

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  2. Moi je n'en ai jamais vu, mais je ne suis pas sure d'avoir envie d'y assister. En tout cas l'image que je m'en fais est bien loin du rythme de ce livre, somme toute assez ennuyeux.

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  3. D'accord avec toi, moi qui adorait Djian, j'ai été déçue par ce livre et du reste, le dernier lu fut "Vers chez les Blancs" qui est à mettre aux oubliettes aussi.

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  4. Ben ... Beaucoup moins sèvère que vous ! J'avais bien aimé Sotos ... je l'avais trouvé délassant, et avec du souffle. Dois-je le relire ? On verra, un jour peut-être !

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