Une série de 18 contes, comme ceux que l'on nous racontait dans notre enfance, mêlant rois et pauvres, ogres et géants, princesses et braves. Ne croyant plus, depuis longtemps, à la venue du prince charmant, je me suis amusée à lire cet ouvrage du point de vue des représentations sociétales qu'il révèle.
Les hommes sont soit des rois très riches, soit des artisans pauvres, mais dotés d'une bravoure à toute épreuve lorsqu'il s'agit de libérer une des filles du roi en question. J'ai noté qu'il n'y a pas de reine. De même, dans le petit peuple, les pères des garçons ou des filles pauvres sont absents. Les enfants du peuples sont presque toujours ceux d'une pauvre femme. Les enfants des rois, sont le plus souvent des filles, soit uniques, soit allant par trois. Ces dernières sont souvent la récompense que le roi offre à celui qui aura bravé tous les dangers qui menacent sont royaume.
Bien que venant d'Asie Mineure, ces contes populaires ne diffèrent pas vraiment des européens. J'y vois aussi une manière d'assigner une place à chacun dans des sociétés profondément inégalitaires, et surtout de faire accepter cet état de fait, en racontant combien d'efforts, de prouesse et d'audace il a fallut à ceux qui l'ont transgressé.
Mais que ces quelques réflexions ne vous empêchent pas d'apprécier la magie de l'imaginaire qui a été transmis de bouche à oreilles pendant des siècles et que Calliopi Moussaiou-Bouyoukou, née en 1904 dans cette Asie Mineure qu'elle dût quitter en 1920, a recueilli pour notre plus grand plaisir.
"- A présent, dit l'animal, écoute bien, car ce sera plus difficile qu'avant. L'eau de ce lac, c'est comme du verre en vérité. Si l'on y touche, elle vous change en pierre. Et, comme tu vois, il n'y a pas de pont pour traverser. Le château est construit sur un piton, et l'on ne peut se poser que sur le pourtour du rocher. Tu vas dégainer l'épée d'un pouce hors du fourreau, et moi je m'élèverai d'un pouce au-dessus du lac, sans l'effleurer. J'essaierai d'atterrir sur la bordure. Mais elle est étroite, et mes pattes arrière risquent de glisser dans l'eau et de se pétrifier. Dans ce cas, cherche la source qui jaillit à cet endroit, entre les roches. C'est de l'eau immortelle. Remplis-en ta gourde et jettes-en sur mes pattes pour les ranimer."
Malgré ce qui semble assez convenu, tu titilles notre curiosité avec cet extrait!
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