Un père, trois filles, rien d'extraordinaire en cela, si ce
n'est que les trois filles sont de mères différentes et ne se rencontrent que
pendant les vacances d'été, dans la petite station balnéaire de l'île
d'Hammarsö.
25 ans après la fin des dernières vacances en commun, Erika,
l'aînée, décide de retourner sur l'île pour y rencontrer son père. Ce dernier,
suite à la mort de sa femme, s'y est retiré après une brillante carrière de
médecin et a souhaité ne plus voir personne, même pas ses filles.
Durant le trajet qui la mène d'Oslo à l'île Suédoise, Erika
se remémore les étés passés, l'arrivée successive de ses deux sœurs, la bande
d'adolescentes qui se retrouvaient sur
un rocher de la plage, leurs jeux, leurs confidences, leurs connivences,
leurs rivalités souvent. Elle repense surtout à un certain Ragnar, frêle
garçon, se tenant toujours à l'écart des autres, mais dont elle était éprise en
cachette. Elle se rappelle son père, qui ne transigeait jamais sur ses heures
de travail, celles où les enfants devaient sortir de la maison et n'y revenir
qu'après un signal bien précis.
J'ai aimé, le style, le découpage en "séquences"
de deux ou trois pages, et la véracité des liens qui unissent ces trois sœurs,
entre elles d'abord, à leur père aussi. La vie est faite de règles et de principes
à suivre et à respecter, mais cela n'empêche nullement les moments de tendresse
paternelle, les fous rires et la complicité des sœurs lorsqu'elles arrivent à
les détourner.
- "Viens
Laura, je vais te montrer quelque chose, dit Isak.
Elle sauta du mur en pierre et rejoignit son père. Elle
constata qu'il la regardait. Regardait sa robe blanche. Isak voyait-il qu'elle
était devenue belle, qu'elle avait de longues jambes bronzées et des fesses
bien ferme ? Elle avait désormais douze ans. Isak était près du secrétaire en
bouleau que personne n'avait le droit de toucher à cause des documents
importants qu'il contenait.
- Viens
ici, tu vas voir quelque chose de magnifique, dit Isak.
D'abord il abaissa l'abattant ce qui révéla deux grandes
rangées de tiroirs puis, entre elles, deux autres rangées de petit tiroirs.
Chaque tiroir avait un bouton blanc en ivoire. Si l'on introduisait la main
entre les deux rangées de petits tiroirs et écartait une petite moulure qui
semblait – si l'on ne faisait pas attention – n'être qu'un ornement, on
découvrait encore un tiroir. Un tiroir secret. Un tiroir invisible.
- Devine
ce que je garde ici, dit Isak.
- Des
documents importants, dit Laura.
- Pas
du tout, dit Isak. Essaie encore.
- Des
photos d'embryons morts, dit-elle d'une voix hésitante.
Isak sourit, introduisit la main dans le tiroir et en
sortit une petite boîte verte imprimée de lettres
dorées.
- Du
chocolat haut de gamme ! dit-il. Tu en veux ?
Laura hocha la tête. Chaque morceau de chocolat était
entouré d'une enveloppe fine comme du papier de soie, le chocolat était noir et
granuleux et fourré de menthe à la crème. Laura mangea le chocolat. Il était
tellement bon qu'il fut vite fini. On en désirait immédiatement un autre.
- Je
peux en avoir encore un ?
Isak secoua la tête et remit la boîte verte ans le
tiroir.
- On
ne peut pas en prendre deux. On ne peut en prendre qu'un seul.
Exceptionnellement, on en a droit à deux. Mais jamais à trois.
- Super
bon, dit-elle avec un sourire. Bohonot !
Isak la regarda d'un air interrogateur. Laura parlait le
langage secret que même Isak ne comprenait pas. Il haussa les épaules et revint
à son bureau. Laura resta devant le secrétaire.
Erika et Ragnar croyaient qu'elle avait laissé tombé,
qu'elle n'avait jamais réussi à apprendre le langage secret. Elle le leur
laissait croire."
Un livre plaisant.
A lire tes lignes, j'ai envie de connaître ce roman !
RépondreSupprimer@ Norma : Oui, c'est un livre qui devrait te plaire. Les relations entre les personnages sont particulièrement bien vues.
RépondreSupprimerOui, on a envie de le lire et je me le mets tout de suite sur ma liste de "à acheter". Merci !
RépondreSupprimer@Gine : c'est Elisabeth qui me l'a offert. Elle a beaucoup aimé aussi.
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